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  • : Site consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.
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...consacré à l'artiste français Julien Champagne (1877-1932), à sa vie et à ses oeuvres.


Peintre et dessinateur, Julien Champagne est surtout connu de nos jours pour avoir illustré les ouvrages de Fulcanelli, un mystérieux alchimiste contemporain.

Et pourtant, il figure au Bénézit, la "Bible" internationale des créateurs. Et suivant son ami Eugène Canseliet, il fut bien un maître du pinceau et du crayon.

C'est à la découverte de cet artiste méconnu, mais profondément attachant, que je voudrais vous inviter. Je voudrais aussi vous demander de ne pas hésiter à enrichir mes articles de vos propres commentaires et de vos découvertes personnelles.

Bon voyage donc au pays légendaire de Julien Champagne.

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8 novembre 2006 3 08 /11 /novembre /2006 07:24






Nous avons déjà évoqué l'amitié de René Schwaller pour Julien Champagne (Schwaller et Champagne, et Schwaller croque Champagne, 2 février 2006, Julien Champagne au mas de Cocagne, 9 avril 2006).

Cette amitié ne se démentit jamais et constitue une objection de plus aux allégations tendant à "transmuer" Champagne en une sorte de détraqué. C'est ainsi que lors de son décès en 1932, Schwaller voulut comme nous l'avons déjà dit participer aux frais d'obsèques (Décès de Champagne, 23 mars 2006, Julien Champagne en famille, 5 avril 2006).

S'étant très logiquement adressé à la soeur du peintre, Renée, épouse Devaux, il en reçut la réponse que je reproduis, après Geneviève Dubois dans son livre Fulcanelli dévoilé:

"Monsieur,

Veuillez avoir l'obligeance de m'excuser pour le retard de cette réponse: votre lettre est arrivée pendant une absence d'assez longue durée et je viens seulement d'en prendre connaissance.

Laissez-moi d'abord vous remercier, Monsieur, pour les avis et conseils que vous avez eu la bonté de me donner: ils sont la sagesse même et j'y reconnais l'expression de la sûre et chaleureuse


amitié que vous accordez à notre cher et regretté Hubert.

J'aurais donc été contente de vous être agréable et d'accéder à tous vos désirs concernant l'inhumation et la sépulcture de mon frère.

Mais il a exigé, pour l'une, le minimum de frais et d'ostentation, pour l'autre, une simplicité que l'on peut qualifier d'extrême.

"Je désirerais que l'on me portât en terre dans l'appareil le plus simple et avec le moins de frais possible...

Que l'on place mon cadavre dans une fosse temporaire, à même l'argile...

Un simple et modeste entourage, quelques fleurs pour égayer la tombe, c'est là tout ce que je souhaite.

Ne murez pas mon corps dans un caveau: je hais la pierre humide, rigide


et froide des in pace, et le sépulcre me paraîtrait une prison."

J'ai (moi, Archer) écrit ces phrases en italique pour rendre compte du changement que je crois volontaire d'écriture à cet endroit: Renée y donne la parole à Julien Champagne lui-même.

"Nous avons dû, poursuit la soeur de l'artiste, nous incliner devant une volonté si nettement exprimée.

J'ai cependant tenu à assurer à mon cher Hubert un abri immuable dans les concessions à perpétuité du petit cimetière où il désirait reposer.

Mais cela était peu de chose, et la somme dépensée pour le conduire à sa dernière demeure ayant été modeste, je désire qu'elle reste à notre charge.

Mais, comprenant et appréciant la délicatesse de votre sentiment, je ne veux pas le heurter davantage:

vous pourrez donc, Monsieur, offrir à votre vieil ami l'entourage qu'il souhaitait pour sa tombe, ainsi que la pierre


ou le marbre sur lequel sera tracée l'inscription suivante.

                                                                             Ici repose



                                                          Apostolus Hermeticae Scientiae

                                                                            1877-1932
                                                                                  ..........

Le tout ne pourra guère être exécuté, je crois, avant le printemps prochain, à cause des gelées.

Veuillez agréer, Monsieur, avec tous mes remerciements, l'expression de mes bons sentiments."

Quelle hauteur de vues, et du frère, et de la soeur...Comme vous le savez, l'inscription dont il s'agit fut apposée, puis dérobée, et je milite (parmi d'autres) pour qu'elle soit restaurée.

D'après Walter Grosse, la soeur de Julien Champagne aurait été institutrice dans la Somme. Il l'identifie à Reine Marie Champagne (1887-1955).


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6 novembre 2006 1 06 /11 /novembre /2006 14:28



En a-t-elle fait couler de l'encre, cette croix d'Hendaye que nous avons déjà évoquée à plusieurs reprises (Champagne et Louise Barbe, 31 janvier 2006, Champagne et Jules Boucher, 13 février 2006, Julien Champagne entre chien et chat, 21 septembre 2006)...

Et ce n'est pas fini! Tout a commencé par l'article de "J.B." dans Consolation, paru après la mort de Julien Champagne.

Pour moi, il est clair que l'auteur de l'article s'est tout simplement servi des notes alors non publiées de Fulcanelli. Si vous voulez lire cette prose de 1936, elle se trouve dans le livre de Geneviève Dubois, Fulcanelli dévoilé.

Le chapitre correspondant du Mystère des Cathédrales (La croix cyclique d'Hendaye) ne comporte ce dessin signé de Julien Champagne que dans l'édition Omnium Littéraire de 1957, peut être est-il bon d'y insister à nouveau.

Dans l'édition Pauvert de 1964, la planche XXXVI ci-dessus cède la place à un cliché (XLVII).


C'est bien dommage, car comme le montrent mes deux agrandissements partiels, le travail d'"Hubert" s'avère une fois de plus remarquable.

Mais continuons à dire quelques mots de la saga scripturaire suscitée par cette modeste croix basque, qu'on peut raisonnablement penser remonter au XVIIème siècle et qu'il est toujours possible d'aller voir près de l'église Saint-Vincent:

http://www.balades-pyrenees.com/eglise_de_hendaye.htm

Toujours est-il qu'on n'a pas été loin ici ou là à partir de 1957 d'accuser Fulcanelli ou Eugène Canseliet d'avoir dans cette affaire...plagié J.B. Mieux vaut en rire.

Et voilà que dès 1980 dans son ouvrage déjà mentionné: The Fulcanelli Phenomenon (Neville Spearman, Jersey), Kenneth Rayner Johnson donne en guise d'épilogue la parole à un ingénieur en retraite pseudonymé Paul Mevryl, qui étudie le symbolisme de la croix cyclique d'Hendaye.

Dès lors, la fortune du monument est faite, et bientôt ce seront des livres entiers qui lui seront consacrés, outre-Atlantique d'abord.

En 1999, année faste pour les millénaristes du "grand roi l'effrayeur", paraît la première version de l'étude de Jay Weidner et Vincent Bridges, intitulée Monument to the End of Time: Alchemy, Fulcanelli and the Great Cross (Aethyrea Books).

L'an 2000 s'étant passé sans trop de dommage, une version remaniée s'ensuivra en 2003: The mysteries of the Great Cross of Hendaye (Destiny Books).

Enfin, last but probably not least, Axel Brücker, comme déjà dit également, a fait paraître chez Séguier, en 2005 son livre Fulcanelli et le mystère de la croix d'Hendaye.


Mais qu'a-t-elle donc de particulier cette fameuse croix, allez-vous me dire? Et bien Fulcanelli estime qu'elle est une rare manifestation de la doctrine du chiliasme, qui affirme le caractère cyclique de l'histoire.

Nous irions ainsi en quelque sorte éternellement de création du monde en fin du monde. Cette doctrine n'a d'ailleurs pas été toujours rejetée par l'Eglise...de Pierre.

Mais ce monument-ci irait plus loin qu'une affirmation somme toute philosophique et de portée très générale.

Dans Le Mystère des Cathédrales, on peut en effet lire que l'inscription O Crux Ave Spes Unica qui se situe à son sommet et que l'on retrouve sur bien des calvaires aurait à cet endroit un sens ésotérique:

"Ecrit que la vie (se réfugie en un) espace unique." Au moment de la grande tribulation, en effet, la tradition veut qu'une certaine zone soit préservée, et constitue ainsi pour les élus qui s'y retrouvent
une sorte d'arche de Noé.

De là à penser que la croix d'Hendaye révèle aussi l'endroit du globe terrestre dont il s'agira lors de l'apocalypse prochaine, il n'y a qu'un pas, et certains l'ont allègrement franchi.

Et c'est vrai qu'une interprétation symbolique de cette croix semble plausible. Tenez, par exemple,
puisque je viens de parler du globe terrestre, il figure bien au pied du monument, embrasé...

Notre hémisphère nord ne serait donc pas promis au déluge biblique, mais de façon au moins aussi peu réjouissante à la crémation.

Je m'en voudrais cependant de ne pas signaler aux "studieux de l'arcane", et aux autres, qu'en matière de symbolisme, la polysémie est de règle.

Que l'apocalypse c'est en grec la révélation. Que l'apocalypse hermétique est d'abord microcosmique, que l'artiste, nouveau démiurge, la contemple avant tout dans son creuset. L'alchimie, science de la création, est aussi celle des "recréations".

Et que ce globe terrestre surmonté de la croix pointe avant tout me semble-t-il, vers une matière plus que toutes bénie.


Je terminerai pour cette fois sur cette belle couverture de l'édition russe des Demeures Philosophales, qui s'est inspirée de celle de Pauvert en 1977 et comporte donc plusieurs dessins
de Julien Champagne.

Elle est parue en 2004 chez Aenigma:

http://aenigma.ru/php/content.php?razdel=books&file1=21

et je voudrais ici remercier encore, et publiquement, mon ami canadien Gleb Butuzov de m'en avoir considérablement facilité l'accès.

ocruxave.champagne




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4 novembre 2006 6 04 /11 /novembre /2006 19:19


Comment ne pas revenir sur le cas Roussel? Nous l'avons déjà évoqué à quelques reprises, certes: Raymond Roussel et Champagne, 4 février 2006, d'abord, puis de façon plus allusive à propos du mythique "traineau à hélice" conçu et réalisé par Julien, dont Roussel fut admiratif: Champagne et le traineau à hélice, 14 février 2006, Julien Champagne ingénieur de Nicolas II, 19 mars 2006.

Mais tout de même...Voici un monstre sacré du surréalisme et du nouveau roman, qui a connu à la fois Julien Champagne, Eugène Canseliet, Fulcanelli...

Sans prétendre démêler l'écheveau de sa vie et de son oeuvre en un seul article, ni même en plusieurs, je vous propose de donner à nouveau quelques coups de projecteur sur l'homme et ses écrits, et pour ce faire je vais commencer par suivre le judicieux conseil que m'a donné il y a quelques mois un des lecteurs de ce blog, qui -sans doute justement - a choisi de s'appeler Canterel.

Comme je l'avais souligné en son temps, Canterel nous a fait en effet remarquer qu'on pouvait établir un parallèle entre Julien Champagne dessinateur de Fulcanelli d'une part, et de l'autre Henri-Achille Zo, illustrateur des Nouvelles Impressions d'Afrique de Raymond Roussel.


Rien n'est plus vrai à mon sens, si on prend en compte deux faits que je considère comme incontournables:

Dans les deux cas, les instructions données par les auteurs à leurs illustrateurs ont été, à la mode de l'époque sans doute, particulièrement rigoureuses.

Ce qui me conduit à une déduction "en second" qui me paraît logique. C'est sans doute parce que dans les deux cas, on ne peut comprendre les ouvrages dont il s'agit, et Dieu sait s'ils sont...hermétiques du moins au premier abord, en se référant seulement au texte, et donc en faisant totalement abstraction de la partie de l'oeuvre qui est dessinée.

Comment ne pas rappeler, à ce propos, qu'une tradition constante en alchimie en particulier est que si parfois la lettre ment, l'image est constamment réputée plus sincère?

Les alexandrins et les images des Nouvelles Impressions d'Afrique, publiées en 1932 et qui constituent la dernière oeuvre anthume de Roussel, ont coûté à leur auteur sept ans de travail.
Comment les décrypter?

Le classique procédé rousselien révêlé dans son livre posthume: Comment j'ai écrit certains de mes livres (1935), qui d'ailleurs est dans son esprit très similaire à la cabale chère à Grasset d'Orcet et Fulcanelli, est-il la clé unique de son oeuvre?

http://livres.fluctuat.net/raymond-roussel.html
http://www.almaleh.com/roussel.htm

Sans doute pas, d'ailleurs Raymond a bien écrit, en toute sincérité,  de ce procédé, qu'il "n'est pas le même pour tous" ses ouvrages. Comme l'a fort bien vu Ginette Adamson dans son étude précisément intitulée Le procédé de Raymond Roussel (Rodopi, Amsterdam, 1984), il est clair au surplus qu'il ne s'applique pas (ou pas totalement) aux Nouvelles Impressions.

 

caumont2000.champagne

Mais alors, comment déchiffrer ce dernier livre? Dans un petit bouquin qui m'a fourni le titre de cet article, puisqu'il est dénommé avec un humour qui eût plu et à Fulcanelli et à Roussel, entre autres, L'écheveau du cas Roussel, jeu de mots que je ne vous ferai pas l'affront d'élucider, Jacques Caumont nous livre une piste plaisante, qui justement nous renvoie aux images de Zo (musée Nicéphore Niepce, Chalon-sur-Saone, 2000):

http://www.museeniepce.com/expositions/expositions_right.php?code_expo=caumont&lang=fr
http://www.museeniepce.com/expositions/expositions_right.php?code_expo=caumont&lang=us

Comme le souligne Philippe Collin dans sa présentation de l'ouvrage, Caumont pense si j'ai bien compris que "l'or naît de desseins" et donc suggère de chercher la solution de l'énigme des Nouvelles "d'à fric" dans une superposition d'images les unes sur les autres.

Pour reprendre l'expression du même Philippe, je préfère cependant de mon côté m'en tenir pour l'instant au classique "appariement texte/image."


Voulez-vous un exemple, je n'ose dire une illustration de ce qui précède? Jacques a eu la bonne idée, outre de reproduire ce portrait de Zo, d'écrire les indications que Roussel a donné à ce dernier pour ses 59 dessins.

Voici ce qui est ainsi publié de l'avant-dernier croquis: "Un mur tout uni où les mots Mane Thecel Phares sont écrits comme en lettres de flammes. Rien d'autre, ni personnage, ni banquet. Lettres de l'époque."

Caumont dans son essai choisit de relier ce dessin au premier d'entre eux, celui de Saint Louis prisonnier à Damiette. Pas faux, peut-être, mais pourquoi ne pas penser aussi au dernier poème, celui des jardins de Rosette, que je retranscris suivant la belle réédition de Jean-Jacques Pauvert (1963, 1979):

"Feu qui, si grand que soit tel nom, tel pseudonyme,
Chez nul n'est reconnu de façon unanime;
L'homme n'a pas ainsi qu'un pantin au bazar
Son prix collé sur lui; sur son mur Balthazar
Vit, en traits défiant le grattoir et la gomme,
Trois mots de feu briller...puis s'éteindre; chez l'homme,
Le feu de l'oeil s'éteint à l'âge ou dent par dent
Et cheveu par cheveu, sans choc, sans accident,
Par l'action du temps, sa tête se déleste;
Se fait aux profondeurs du grand vide céleste
Où la lumière court sans jamais le franchir;
L'aphone, à son ardoise, ennuyeuse à blanchir;
Il ne sait aux gifleurs que tendre l'autre joue,
Soit de ses fins talents s'il triche lorsqu'il joue;
Sur celui qui s'éloigne on fait courir maints bruits;
D'opaque frondaison, de rayons et de fruits."

Oui je sais, je vous ai fait grâce des parenthèses...Mais qui est ce Mister Zo?

Premier piège à éviter, H.A. Zo n'est pas...son père, et premier maître en peinture:

http://www.artcult.com/zo.html

De la difficulté de se faire un prénom:

http://www.lepoint.fr/voyages/speciaux/document.html?did=150077
http://www.artcult.com/zo.html

Vous avez noté comme moi que ce Zo...là  illustra le Ramuntcho de Pierre Loti, un des auteurs favoris de Raymond Roussel.

Well, Henri-Achille Zo (1873-1933) est un presque contemporain de Raymond Roussel et de Julien Champagne:

http://www.artnet.com/artist/677563/henri-achille-zo.html

Pami les autres admirations de Roussel, et outre Jules Verne, figure d'ailleurs un certain Edmond Rostand, mais passons là-dessus pour cette fois.

"Notre" Zo fut donc célèbre en son temps pour ses scènes espagnoles et basques, avec en particulier une prédilection pour les thèmes sévillans (comme d'ailleurs son papa) et aussi pour ses représentations tauromachiques.

De lui, je vous présente aujourd'hui ce tableau, tantôt intitulé La sieste, et tantôt Le patio, au dilettantisme bien rousselien.


D'après Cosy Ray, "Zo et Roussel se connaissaient déjà en 1924". N'oublions pas en effet, que l'illustre et riche Raymond était notamment l'heureux propriétaire d'une villa à Biarritz, plage Miramar.

"Ceci contredit l'information suivant laquelle, avant 1928, Roussel aurait confié à une agence de police privée, Goron, le soin de rechercher le dessinateur apte à exécuter d'après ses instructions les illustrations des Nouvelles Impressions d'Afrique."

Je ne saurais mieux dire, et comme ajouterait Richard Khaitzine, Rouletabille appréciera. Mais puisque nous avons eu l'heur de contempler, grâce à Zo, ce moment de détente d'excellent aloi, il est peut être temps de s'interroger également sur la légende (vraie ou fausse) de l'homosexualité de Roussel.

Est-ce vraiment pour faire taire les rumeurs à ce sujet que l'écrivain prit pour compagne Charlotte Dufrène, qui ne le quittera plus jusqu'à sa mort en 1933 (insistons-y, malgré tout: Julien Champagne, 1877-1932; Raymond Roussel, 1877-1933)?

Tout de même, Raymond  "connaissait" officiellement Marie Charlotte Frédez (1880-1968), puisqu'il semble s'agir du vrai nom de Dufrène, depuis 1910...

De cette femme dont j'ignore si elle fréquenta comme son compagnon Julien Champagne, et qu'aima tant Michel Leiris, voici un portrait touchant, que j'extrais du CD-Rom de Johann Dreue sur Fulcanelli: Chronique d'un mystère annoncé (Archimed, 2000).

Et je terminerai, provisoirement sans doute, par ce dernier cliché, provenant de la même source: Voyez donc ci-dessous, selon Dreue,  "le laboratoire de Fulcanelli, boulevard Richard  Wallace dans la propriété de Raymond Roussel".

Le laboratoire parisien, ou bien un laboratoire, de Fulcanelli, de Champagne, ou encore...de Roussel?


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2 novembre 2006 4 02 /11 /novembre /2006 19:56



Si vous me demandez quelles villes ou cités reviennent le plus souvent dans l'oeuvre de Julien Champagne, dans l'état actuel de nos connaissances, je vous répondrai facilement pour le début:
Paris, Amiens, Bourges...

Et voici pour le Mystère des Cathédrales de Fulcanelli. Si maintenant nous ouvrons du même auteur les Demeures Philosophales, émergent en outre Nantes et puis Dampierre-sur-Boutonne, Lisieux, Thiers, Le Mans, Fontenay-le-Comte, Londres bien sûr pour "l'étranger proche".

Et Arles? Nous avons déjà rencontré la commune des Aliscans à propos du troisième livre, non paru à ce jour, de l'Adepte dévolu au XXème siècle, le fameux Finis Gloriae Mundi: Arlésienne de Champagne, 20 mai 2006, et Julien Champagne au labarum, 30 juillet 2006.

"Dans Arles, où sont les Aliscans,
Quand l'aube est rouge, sous les roses,
Et clair le temps,
Prends garde à la douceur des choses"

dixit Paul-Jean Toulet dans ses Contre-rimes:
http://eocf.free.fr/text_cesaire_arles.htm

Voici donc, cette fois-ci  pour un Arlésien, la planche XXXVIII de l'édition Omnium Littéraire du Mystère des Cathédrales (1957), intitulée Sainte Trophime, tympan de porche (XIIème siècle).

Cette édition est sauf erreur la seule où figure ce dessin de Julien Champagne, puisque le chapitre correspondant (La croix cyclique d'Hendaye, sur laquelle j'espère revenir) n'existe pas dans l'édition originale (Schemit), et parce que dans l'édition Pauvert ultérieure c'est un cliché qui nous est proposé.

Notez comme moi que la reproduction est de qualité moyenne, mais qu'on y discerne aisément malgré tout des traces de gouache (voir Champagne et la Lettre de Thot, 2 octobre 2006).


Je n'ai pas la prétention de vous infliger un cours...ex cathedra sur l'église dont il s'agit, laquelle est d'ailleurs, apparemment, plus connue pour son cloître que pour son porche, mais si vous voulez en avoir d'autres vues que celle d'"Hubert", reportez-vous au site de l'auteur de la photo ci-dessus:

https://arizmendi-ruquet.pagesperso-orange.fr/Arles/St%20Trophime1.htm

Au fait, que nous dit Fulcanelli lui-même de ce monument? Il s'agit là bien sûr selon lui de la conception cyclique de l'histoire:

"A l'époque médiévale, les quatre phases de la grande période cyclique, dont l'antiquité exprimait la rotation continue à l'aide d'un cercle divisé par deux diamètres perpendiculaires, sont généralement représentées par les quatre évangélistes ou par leur lettre symbolique qui était l'alpha grec, et plus souvent encore, par les quatre animaux évangéliques entourant le Christ, figure humaine et vivante de la croix.

C'est la formule traditionnelle que l'on rencontre fréquemment sur les tympans des porches romans.

Jésus y est exposé assis, la main gauche posée sur un livre, la droite levée dans le geste de la bénédiction, et séparé des quatre animaux qui lui font cortège par l'ellipse dite Amande mystique."

Ou mandorle, dirais-je. Fulcanelli vient de nous fournir en quelques mots une des meilleures définitions du Christ "pantocrator", ou tout-puissant, qui tient en main le livre de vie, lequel est aussi celui du jugement (dernier).

Mais laissons-le préciser son historique:

"Ces groupes, généralement isolés des autres scènes par une guirlande de nuées, ont leurs figures toujours placées dans le même ordre, ainsi qu'on peut le remarquer aux cathédrales de Chartres (portail royal) et du Mans (porche occidental), à l'église des Templiers de Luz (Hautes-Pyrénées), à celle de Civray (Vienne), au porche de Saint-Trophime d'Arles, etc."

De cette église, Blanche McManus fit, sans doute avant Julien Champagne,  un saisissant croquis, que j'ai tenu à reproduire ici.

Sur cette femme nous savons peu de chose. Née en 1870 en Louisiane, elle étudia à Londres et Paris, et au tournant du siècle revint en Europe avec son mari, Francis Miltoun. Elle séjourna en Provence (Toulon, Nice) en 1910-1911, et son époux étant décédé, vraisemblablement pendant la première guerre mondiale, retourna après-guerre aux "States", où elle mourut, sans doute avant le second conflit mondial, hélas dans des conditions similaires à celles de Camille Claudel:

http://www.kellscraft.com/McManus3.html
http://www.kellscraft.com/mcmanusbioandpub.html

A-t-elle connu Julien Champagne?



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1 novembre 2006 3 01 /11 /novembre /2006 14:42


D'après Walter Grosse, c'est en 1913 que les parents de Julien Champagne emménagèrent aux Charmettes de Villiers-le-Bel, dont nous voyons ici une carte postale animée de 1910.

Ce quartier de Villiers, commune actuellement située dans le Val d'Oise (95) et ayant autrefois appartenu au département de Seine et Oise, paraît avoir émergé dans les dernières années du XIXème siècle, voire au début du XXème:

http://www.p-simple.com/charmettes.htm

"En 1893, se constitua une société d'épargne en participation, nommée "la Garenne", dont le but était l'acquisition de terrains à bâtir.

En 1897, cette société ayant réuni un capital suffisant, acquit à Gonesse un terrain qu'elle partagea en 100 lots. En 1907, deux propriétaires à la Garenne formèrent une société anonyme ayant pour objet l'acquisition d'un terrain à Arnouville. Le champ, situé au lieu-dit la Butte Saint-Blin, fut partagé en 64 parcelles.

Sur le territoire de Villiers-le-Bel, la terre à brique s'épuisant, l'activité de l'entreprise Bastin se ralentit. En 1908, M. Lejoint se rendit acquéreur de 7 hectares de terrains fouillés de la briqueterie. Il s'occupa de faire niveler le sol, de tracer des avenues, puis il fit un lotissement de 200 unités; il donna à ce quartier le nom de "Charmettes", et un nom à chaque avenue 

Nous ne connaissons pas les modalités d'installation de la population, elles ne durent pas être très différentes de celles des lotissements voisins. Il nous faudra attendre 1919 pour voir se constituer une association syndicale des propriétaires de terrains aux Charmettes."

Dans l'histoire de l'art, Villiers est en particulier connu par les pêchers en fleur de l'impressionniste américain Childe Hassam (1859-1935), dont le tableau ci-dessous remonte à 1887.


Ce peintre est donc pratiquement contemporain des parents de Julien Champagne, tous deux nés en 1854: Alphonse Champagne, cocher, décédé dans les années 1920, et Pascaline Quinot, sans profession, morte semble-t-il dans les années 1930, après son fils

C'est aux Charmettes qu'en 1921 Eugène Canseliet fit en aquarelle le portrait de son ami Julien Champagne, portrait que nous avons déjà reproduit (Canseliet peint Julien Champagne, 5 février 2006).

Rien en tout cas dans ces lieux champêtres, au nom certes rousseauiste, mais dont la modestie reste...foncière, et la genèse liée aux aléas de l'ère industrielle, ne vient confirmer l'hypothèse d'une origine "bourgeoise" de la famille de Julien Champagne (Décès de Julien Champagne, 23 mars 2006, Julien Champagne en famille, 5 avril 2006).



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29 octobre 2006 7 29 /10 /octobre /2006 14:38


Dampierre-sur-Boutonne en Belgique? Non, bien sûr et pourtant c'est à une séquence belge que je vous convie en ce dimanche automnal de la Saint Narcisse...

Retournons donc pour commencer en cette demeure philosophale enchanteresse, sinon enchantée, et certes "trop tôt laissée" (Frustration de Champagne, 10 octobre 2006).

Le petit livre peu connu dont j'ai reproduit la couverture et qui est consacré à Dampierre présente à mon avis plusieurs particularités, et en outre un intérêt singulier.

D'abord, il a été tiré en 1982 à 500 exemplaires hors commerce numérotés (le même tirage sans doute que celui de l'édition originale du second livre de Fulcanelli).

Ensuite, il a été réservé à une population précise, regroupant pour l'essentiel une promotion de l'Ecole Centrale de Paris, celle de 1929, à laquelle appartenait Jacques Texier (1906-1979), ancêtre des propriétaires actuels du château de Dampierre.

Notons en passant que d'après ce livret, Jean-Louis Hedelin, neveu de Jacques Texier, aurait fait partie de la "promo" 58 de l'Ecole Centrale.

Enfin, contrairement à ce que laisse entendre la couverture, Jacques Texier, dont la photo reproduite ici est annexée à l'ouvrage, n'est pas l'auteur direct de l'oeuvre, qui est plutôt un recueil de textes destinés à honorer sa mémoire.

Certes, on y trouve en particulier des reproductions de certaines de ses conférences sur le château, mais l'initiateur, le concepteur et le réalisateur  du recueil est vraisemblablement un des camarades de promotion de Jacques, Etienne Spire, d'Aix-en-Provence.

Toujours pas de belge, donc. Mais avant de partir pour Bruxelles et Gant, faisons une halte en Champagne.


Entre autres mérites, le travail d'Etienne Spire présente en effet celui-ci, qui nous interpelle directement, qu'il reproduit plusieurs des planches dessinées par Julien Champagne pour Fulcanelli, certaines pourvues de sa signature, comme ci-dessus, et d'autres non.

Sont ainsi signées les planches XXV et XXVIII des Demeures Philosophales, tandis que les planches XXIX et XXXII sont également reproduites, sans qu'y apparaisse le nom de Julien Champagne.

Sur ces planches, on pourra se reporter, en plus de mon dernier courrier en date traitant de Dampierre, que j'ai déjà mentionné, à trois de ceux qui l'ont précédé sur le même sujet: De Diane de Poitiers à Champagne, 26 août 2006, Infortune de Champagne, 3 septembre 2006, et Constance de Champagne, 8 septembre 2006.

Ces dessins illustrent en fait le texte d'une conférence prononcée par Jacques Texier au Rotary Club de Saint-Jean d'Angely:

"Une demeure alchimique aux confins de Saintonge et du Poitou: le Château de Dampierre-sur-Boutonne."

Outre d'alchimie en général, Texier y traite de Coulonges-sur-l'Autize, situé à 50 kilomètres seulement de Dampierre, et donc de Louis d'Estissac.

Sa présentation consécutive des caissons de sa demeure suit de très près l'interprétation qui en est proposée par Fulcanelli.




Mais qui est Jacques Texier, dont une notice biographique est insérée dans "Jacques Texier raconte..."?

Si nous devenons ce que nous sommes, si nous sommes ce que nous devenons, pourquoi ne pas rappeler que nous sommes également issus d'une lignée, avant éventuellement de la prolonger?

Jacques est né à Saint-Jean d'Angely, où son père était médecin. L'un de ses ancêtres fut d'ailleurs maire de cette commune. Il fut notamment président-fondateur de la Route des Trésors de Saintonge, dont le château de Dampierre fait partie.

Il hérita de ce château, qui était la propriété de son père, le docteur Jean Texier, décédé en 1953.

Dès 1938 Jean publia un livre sur Dampierre où à propos des caissons du logis il affirmait clairement: "Nulle part en France, sauf en petit, dans la chapelle de l'Hôtel Lallemant à Bourges, on ne trouve sembable décoration."

Dévasté pendant la seconde guerre mondiale, sa demeure était une ruine en 1946. "Restaurer Dampierre, c'est en somme l'oeuvre de ma vie" (Jacques Texier).

 

DSC04954.champagne


Et de nous narrer l'histoire mouvementée du château, qui s'ouvre dans la notice d'Etienne Spire par une citation que je crois significative:

"Sur le mur de la galerie Renaissance, se voit l'inscription suivante: "Si tu viens partager notre lumière blonde, salut. Mais si tu veux la partager longtemps, ne viens qu'avec ton coeur. N'apporte rien du monde, et  ne raconte pas ce que disent les gens."

Savez-vous que ces quatre vers se trouvent aussi, avec de légères variantes, à la porte d'entrée de la villa Arnaga, maison-musée d'Edmond Rostand à Cambo, non loin d'Hendaye et Sare, en pays basque?

http://www.chateaux-france.com/arnaga/

 

arnaga.champagne



Soit, mais la Belgique? Nous y venons. Etienne Spire s'est évidemment lui aussi passionné grâce à Jacques Texier pour l'histoire de Dampierre, et avec un complice, François Petit, dont le nom doit être également cité, a cherché à compléter sa connaissance du château.

C'est ainsi qu'il est entré en correspondance avec un historien bruxellois, Paul Meurisse de Saint-Hilaire.

Ecrivain très connu en particulier outre-Quiévrain, ce dernier a en effet publié  chez Copyright et  Roussel (Belgique, diffusion Edisud, Nice), en 1977, puis Laffont, en 1992, un ouvrage intitulé précisément Le mystère des labyrinthes.

Il y qualifie Fulcanelli de présomptueux, ce que je trouve arrogant, mais surtout y affirme que l'Adepte qui fit réaliser les caissons de Dampierre fut Louis de Laval-Montmorency, seigneur de Boisdauphin.

Laval aurait laissé sa signature dans un caisson, reproduit ci-dessus, celui au labyrinthe, justement, qui est accompagné de la devise latine FATA VIAM INVENIENT (les destins trouveront leur voie).

Meurisse précise simplement que, veuf en 1554 de Claude de la Jaille, ce Montmorency devint archevèque d'Embrun en Dauphiné.

Le même Saint-Hilaire fait également un rapprochement entre les caissons alchimiques du château, et d'une part le traité sur La toison d'or de Salomon Trismosin, d'autre part les hiéroglyphes de la Grand Place de Bruxelles ( voir ses essais Histoire secrète de Bruxelles, réédition Albin Michel, 1998 et Lecture alchimique de la Grand Place de Bruxelles, Editions du Cosmogone, 2002).

Last but not least, Paul, dans une lettre de 1982 à Etienne Spire, précise qu'il existe d'excellents dessins des caissons de Dampierre, autres que ceux de Julien Champagne. Ils seraient "exposés dans le grand escalier de la mairie de Saintes.

Ces caissons sont les rescapés en partie (sic) de la destruction de l'aile du château." On espère en savoir plus sur ce point, car il semble étayer ainsi partiellement ce que nous croyions déjà savoir (Julien Champagne dans pierre, 21 mai 2006). Ces dessins semblent bien exister ou avoir existé à Saintes, à la mairie ou dans un musée...


Pour critiquer un wallon, rien de tel qu'un flamand. Dans son livre publié en 1992 par Dronghene et l'association de ses amis, et dont je donne la page de garde: Alchimie, Dampierre 1538, Wally Van de Velde, alias Thobra, écrit:

"Un certain Saint-Hilaire conclut que le labyrinthe qui figure sur un des caissons serait l'emblême de Boisdauphin. On le retrouve dans l'album de Claude Paradin, Les devises héroïques (Anvers, 1563). Mais fut-il vraiment l'inspirateur du plafond? On ne sait rien de ses relations avec les seigneurs de Dampierre ni surtout de son attirance à l'alchimie."

Né en 1938, Thobra est gantois. C'est un peintre, avant toute chose, mais il fut très tôt fasciné et par l'alchimie et par Dampierre:

http://members.lycos.nl/guiver/newpage48.html

Et il est aussi cinéaste. En 1979, on le voit acteur de son propre film, L'apprenti alchimiste. Il aurait eu "par voie surnaturelle" la révélation de la présence en Boutonne, en 1538, d'un Adepte dont il prétend retracer le parcours.

Dans son ouvrage, il se livre lui aussi à un historique et à un examen alchimique des caissons du château, qu'il agrémente de la reproduction de certaines de ses oeuvres.

J'en ai extrait une, qui fait partie d'un tarot très personnel à l'auteur, et qui me semble représenter le fou cher aux disciples d'Hermès.

Assez justement je trouve, Wally Van de Velde l'appelle lui De Dwaas (L'Innocent). Vous aurez sans doute noté comme moi que cet innocent, ce fol qui se croit sage, et qui chemine rose en main, est hermaphrodite.


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24 octobre 2006 2 24 /10 /octobre /2006 11:56


Oui, j'espère que Paul Chacornac vit toujours au milieu de ses précieux livres, de tous ceux la "Bibliothèque Chacornac" dont on peut d'ailleurs se demander ce qu'elle a pu devenir.

J'ai voulu acquérir un des ouvrages de Paul que je n'ai pas encore lu, Le comte de Saint-Germain, et j'ai eu le bonheur d'en trouver une édition ancienne (Chacornac Frères, 1947) un peu patinée par les ans, certes, mais cela fait partie de son charme.

La chance m'a d'autant plus souri que mon livre contient une dédicace autographe de l'auteur, et sur lui un article découpé dans un journal non référencé mais qui ressemble à L'Aurore (non, pas le traité alchimique d'Henri de Lintaut, le quotidien de Pierre Lazareff).

Je pense que cet article, assorti d'une photo de Paul Chacornac, est postérieur à 1951. Après mes deux autres courriers sur la famille Chacornac (Champagne au pays Chacornac, 3 juin 2006 et D'Henri Chacornac à Champagne, 26 juillet 2006) voici donc de nouvelles précisions sur cette librairie du quai Saint-Michel qui employa le jeune Julien Champagne, et où en 1905 il rencontra peut-être Fulcanelli.

Le titre de l'article, qui n'est pas signé, est un peu à la mode du temps: Cinquante ans d'occultisme ont fait de Paul Chacornac un guide précieux pour les explorateurs de l'au-delà.

En voici quelques extraits, qui commencent par une visite guidée de la librairie:

"Le visiteur est reçu dans la boutique par Louis Chacornac, et sa soif de connaissance trouve le plus souvent à s'alimenter sur les rayons chargés de livres qui en garnissent tous les murs.

Mais les habitués, les initiés, pourrait-on dire, connaissent le chemin du saint des saints, ce bureau calfeutré où Paul Chacornac travaille au milieu des ouvrages les plus rares, que seuls quelques privilégiés sont admis à feuilleter.

Les Chacornac, originaires d'une très vieille famille du Puy, sont libraires à Paris depuis 1880. Mais ce n'est qu'en 1894 qu'Henri Chacornac, sur les conseils de son beau-père, Jules de Lerminat, commença à s'intéresser aux sciences occultes.

Il fut encouragé et aidé dans sa tâche par les meilleurs occultistes de l'époque, notamment par Albert Poisson et Papus, et par ce grand seigneur bibliophile qu'était René Philippon.

Le jeune Paul Chacornac avait dès l'âge de quinze ans était admis en 1899 à travailler avec son père, auquel il devait succéder à sa mort, en 1908.

Tout ce qui a un nom dans l'occultisme fréquente alors la librairie, et lorsqu'il en prend la direction, il décide d'abandonner ce qui n'est pas ésotérisme. Il établit alors son premier catalogue spécialisé.

Le libraire fait bientôt une large place à l'éditeur. Depuis 1905 déjà les Chacornac éditent une des revues les plus importantes de l'époque, Le Voile d'Isis.

Revue qui paraît  encore, sous le titre d'Etudes Traditionnelles que lui a donné René Guénon lorsqu'il en prit la direction en 1936.

Et Paul Chacornac écrit. Il publie en 1926 un remarquable ouvrage sur Eliphas Lévi, bientôt suivi par une étude documentée sur le fameux comte de Saint-Germain.

Entre temps, il s'est passionné pour l'astrologie et compose un ouvrage qui fait depuis autorité: L'Astrologie au XVème siècle.

Il publiera d'ailleurs chaque année ces fameux éphémérides que tous les amateurs d'astrologie connaissent bien.

Aujourd'hui encore, il prépare un important ouvrage consacré à la mystérieuse personnalité du père Yves de Paris, capucin célèbre pour avoir publié en 1654, sous le pseudonyme de François Allaeus, un prophétique traité d'astrologie.

Paul Chacornac a encore bien d'autres projets, mais depuis sa rencontre en 1925 avec René Guénon, il s'est uniquement attaché aux doctrines spriritualistes.

Mort au Caire en 1951, Guénon a laissé un grand nombre d'articles que Paul Chacornac, qui a déjà édité Aperçus sur l'Initation, se propose de réunir en volumes.

Dans la boutique du quai Saint-Michel, cependant, où pénétrèrent tant de célébrités, du docteur Maxwell au colonel de Rochas, continuent de défiler les meilleurs spécialistes de l'occultisme.

Louis Chacornac, qui s'était davantage passionné pour le cyclisme - il fut champion de France en 1911 - que pour l'occultisme, a rejoint son frère dans la vieille maison familiale depuis plusieurs années déjà.

Mais curieusement aucun des trois enfants de Paul Chacornac n'a manifesté jusqu'ici de goût pour l'ésotérisme, qu'il s'agisse de ses deux garçons ou de sa fille.

Personne, cependant, parmi les habitués du vieux bureau encombré de livres ne veut penser qu'un jour ce haut lieu de l'occultisme moderne puisse à jamais disparaître et ses richesses dispersées au hasard de quelque vente."

Hélas...mais Jean ayant bien pleuré, voici revenu le tour de Jean qui rit, où du moins sourit. J'ai pu mettre la main sur le numéro XXXIV de la revue Initiation & Science (1955), où Sonia Bentkowski-Lavritch a écrit une page d'éloge de Louis Chacornac, qui venait de décéder. Après celui de Paul, je voudrais bien pouvoir prononcer également celui de son frère.

Mais pour l'instant me manque un portrait de lui...La charité, messieurs dames, la charité, bonnes gens!




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22 octobre 2006 7 22 /10 /octobre /2006 12:43


Toujours grâce à Walter Grosse, voici des documents autographes d'Eugène Quignolot, adressés très vraisemblablement à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris pour y recommander Julien Champagne et Mariano Ancon.

Ne trouvez-vous pas qu'ils sentent le muguet? Parfum d'intemporel, comme diraient en choeur André Hardellet et Guy Béart.

Toujours est-il que nous sommes ici en 1897, et que le distingué professeur de dessin aux écoles municipales de Paris, par ailleurs officier d'académie, c'est-à-dire sans doute titulaire de l'ordre des palmes académiques, peut s'enorgueillir d'avoir là deux élèves de qualité.

Il est vrai qu'un certain Georges Braque en était un autre (Julien Champagne et Georges Braque, 21 octobre 2006). Et une certaine Marie Laurencin...


D'après Commanducci:

http://www.comanducci.it/Italiano/index.asp

Braque fut un élève de Quignolot en 1900 ou environ, donc rien n'interdit de penser qu'il cotoya et connut et Champagne et Ancon.

Peut-être n'est-il pas sans intérêt de noter également que Comanducci estime que Quignolot fut "actif" principalement de 1888 à 1918.

Une vingtaine d'années plus tôt, un groupe d'impressionnistes se manifesta dans le XVIIème arrondissement de Paris, qui selon le Quid 2006 reçut le nom de "groupe de Batignolles":

http://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_des_Batignolles

Le tableau de Fantin-Latour (1836-1904): Un atelier aux Batignolles (1870), actuellement visible au musée d'Orsay à Paris, en est un vivant témoignage et illustre bien la qualité artistique à l'époque et de ce lieu et de ce milieu.

On y retrouve "la bande à Manet", appelée par Emile Zola les "actualistes". Outre ce dernier, y figurent Edouard Manet, mais aussi Claude Monet, Auguste Renoir, Frédéric Bazille...

Comme par hasard, le photographe Nadar s'y est trouvé associé.


Quant à Julien Champagne (J.C), on peut penser que les cartouches ci-dessus, qu'il dessina selon Geneviève Dubois, datent des années 1890 ou 1900, c'est-à-dire de son aprentissage aux Batignolles ou aux Beaux Arts.

Ils témoignent, précise Dubois, de "son intérêt pour le Moyen Äge".


quignolot1896.champagne


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21 octobre 2006 6 21 /10 /octobre /2006 19:10




Quel rapport entre Julien Champagne et le peintre cubiste  Georges Braque (1882-1963)? Et bien ce dernier et "Hubert" ont été, semble-t-il, des élèves du dessinateur Eugène Quignolot.

Quignolot, qui n'est pas jusqu'à nouvel ordre inscrit au Bénézit, avait au tournant du XXème siècle  un atelier municipal de dessin aux Batignolles, dans le XVIIème arrondissement de Paris.

En 1900, Braque suit les cours du soir de ce dernier:

http://www.pascalpolar.be/repartistes/braque/bio_braque.html
http://www.adherents.com/people/pb/Georges_Braque.html
http://www.collegesherbrooke.qc.ca/~bourgech/automne99/6110t/brodeurmagaly/braque/html/biovie.html


Mais qui est Quignolot? De lui, nous savons peu de chose, finalement, son "portrait de jeune homme au béret" (1918) a été adjugé en 2005 aux enchères du Crédit...Municipal de Toulouse:

http://www.credit-municipal.com/catalogue_ancien.php?page=104439&v=1

D'après Walter Grosse, dont le site consacré à Fulcanelli:

http://www.fulgrosse.com/

est toujours aussi précieux, c'est Quignolot qui aurait recommandé à l'école des beaux arts de Paris et Julien Champagne et son ami Mariano Ancon.


Et il produit à ce sujet des documents émanant de la dite école, qui effectivement me semblent convaincants.

Et qui nous permettent de progresser dans la connaissance des condisciples de Julien Champagne:

http://www.archerjulienchampagne.com/article-1926044.html


Parmi ceux-ci figure donc désormais un certain Georges Braque dont nous pouvons admirer ici et l'oiseau bleu et la femme à la mandoline.

Et Mariano Ancon, me direz-vous?


Né en 1881, ce dernier, né Mariano Julien Ancon, était le fils de Mariano Ancon (né en 1839) et de Justa Berrueta, de dix ans sa cadette.

Mariano père était ébéniste de profession, et compte tenu de son année de naissance, Walter Grosse n'exclut pas à ce jour que dernier, dont il pense que Julien Champagne a fait la connaissance en 1905,  pourrait avoir été Fulcanelli.



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16 octobre 2006 1 16 /10 /octobre /2006 19:32


Retournons pour la cinquième fois ce soir au manoir lexovien de la salamandre (Champagne lexovien, 17 avril 2006, Champagne et le manoir de Lisieux, 28 août 2006, Etoile de Champagne, 23 septembre 2006, Champagne et l'homme à l'écot, 25 septembre 2006).

La planche IX de l'édition originale des Demeures Philosophales de Fulcanelli, illustrée par Julien Champagne, porte le titre suivant: Baphomet - Combat de l'Homme et du Griffon.

Elle est remplacée dans l'édition Pauvert par un cliché qui porte le numéro XII, et qui pourrait bien avoir servi de support à "Hubert" pour son dessin.


"Sur le pilier médian du premier étage, commente Fulcanelli, on remarque un groupe assez intéressant pour les amateurs et les curieux du symbolisme.

Bien qu'il ait beaucoup souffert et s'offre aujourd'hui mutilé, fissuré, corrodé par les intempéries, on en peut, malgré tout, discerner encore le sujet.

C'est un personnage serrant entre ses jambes un griffon dont les pattes, pourvues de serres, sont très apparentes, ainsi que la queue du lion prolongeant la croupe, détails permettant, à eux seuls, une identification exacte.

De la main gauche, l'homme saisit le monstre vers la tête et fait, de la droite, le geste de le frapper."

Pour l'Adepte dévolu au XXème siècle, ce motif est l'un des emblèmes majeurs de la science hermétique, celui qui couvre la préparation des matières premières de l'OEuvre.

"Tandis que le combat du dragon et du chevalier indique la rencontre initiale, le duel des produits minéraux cherchant à défendre leur intégrité menacée, le griffon marque le résultat de l'opération...

Du combat que le chevalier, ou soufre secret, livre au soufre arsenical du vieux dragon, naît la pierre astrale, blanche, pesante, brillante comme pur argent, et qui apparaît signée, portant l'empreinte de sa noblesse, la griffe, ésotériquement traduite par le griffon, indice certain d'union et de paix entre le feu et l'eau, entre l'air et la terre."

Et Fulcanelli de nous livrer toute une série de précieuses indications sur la manière dont il s'agit d'opérer pour parvenir au résultat escompté:

"Si vous désirez posséder le griffon - qui est notre pierre astrale -, en l'arrachant de sa gangue arsenicale, prenez deux parts de terre vierge, notre dragon écailleux, et une de l'agent igné, lequel est ce vaillant chevalier armé de la lance et du bouclier...

De même, les maîtres nous conseillent d'employer aussi un filet délié ou un rets subtil, pour capter le produit au fur et à mesure de son apparition.

L'artiste pèche, métaphoriquement, le poisson mystique, et laisse l'eau vide, inerte, sans âme: l'homme, en cette opération, est donc censé tuer le griffon. C'est la scène que reproduit notre bas-relief."

On voit bien que Mulciber pourrait avoir raison  quand il rapproche cette sculpture de la lame de la force dans le tarot, force que nous avons évoquée en son temps à propos du mausolée de François II à Nantes (Champagne force aimant, 11 mars 2006, De François II à Julien Champagne, 27 septembre 2006).


J'aurais tout aussi bien pu intituler cet article-ci Baphomet de Champagne. En effet, le grotesque qui surplombe la scène précédemment étudiée retient également l'attention de Fulcanelli:

"Sculptée au-dessus du groupe de l'homme au griffon, vous remarquerez une énorme tête grimaçante, agrémentée d'une barbe en pointe.

Les joues, les oreilles, le front en sont étirés jusqu'à prendre l'aspect d'expansions flammées. Ce masque flamboyant, au rictus peu sympathique, apparaît couronné et pourvu d'appendices cornus, enrubannés, lesquels  s'appuient sur la torsade du fond de corniche.

Avec ses cornes et sa couronne, le symbole solaire prend la signification d'un véritable Baphomet, c'est-à-dire de l'image synthétique où les Initiés du Temple avaient groupé tous les éléments de la haute science."

Pour l'Adepte, on y retrouve d'abord la fusion mystique des natures de l'OEuvre, que symbolisent les cornes du croissant lunaire posées sur la tête solaire. Mais il y voit aussi un sens apocalyptique, préfigurant les derniers chapitres du Mystère des Cathédrales comme des Demeures Philosophales, et sans doute ceux de son troisième livre non paru, le Finis Gloriae Mundi:

"On n'en est pas moins surpris de l'expression étrange, reflet d'une ardeur dévorante, que dégage cette face inhumaine, spectre du dernier jugement.

Il n'est pas même jusquà la barbe, hiéroglyphe du faisceau lumineux et igné projeté vers la terre, qui ne justifie quelle connaissance exacte de notre destinée le savant possédait."

Puis Fulcanelli revient sur le sens microcosmique et alchimique de cet emblème.

"On peut dire, sans trop divulguer, que le soufre, père et teinturier de la pierre, féconde la lune mercurielle par immersion, ce qui nous ramène au baptème symbolique de Mété exprimé par le mot baphomet."

Et il cite un passage de la Bibliographie générale des Sciences occultes de "l'érudit et savant philosophe" Pierre Dujols (Julien Champagne et le libraire du Merveilleux, 19 avril 2006), ouvrage pourtant non publié à ma connaissance:

"Comme les Templiers, les Ophites avaient deux baptèmes: l'un, celui de l'eau ou exotérique; l'autre, ésotérique, celui de l'esprit ou du feu. Ce dernier s'appelait baptème de Mété."

Et il conclut en affirmant que le baphomet apparaît donc bien comme l'hiéroglyphe complet de la science, figurée ailleurs dans personnalité du dieu Pan, image mythique de la nature en pleine activité. Et il se réfère encore à Magophon:

"Mété était une divinité androgyne figurant la nature naturante...Proclus dit textuellement que Métis ou Natura germinans était le dieu hermaphrodite des adorateurs du Serpent...le Baphomet était l'expression païenne de Pan."

Mais pour lui la mystique chrétienne véhicule le même message; ainsi par exemple du mythe du Graal:

"Le sang qui bouillonne dans le saint calice est la fermentation ignée  de la vie génératrice...Le Pain et le Vin du sacrifice mystique, c'est le feu dans la matière, qui, par leur union, produisent la vie."



Avant de clore, peut-être provisoirement, ce chapitre Lisieux, il me reste à remercier, outre Mulciber, Alejandro, à qui nous devons ces deux belles gravures romantiques sur Lisieux, la première étant de Robida, et la seconde extraite de l'essai de Challamel sur "le manoir de François 1er":

http://eaj1es.aceblog.fr



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